dimanche 30 janvier 2011

Plus facile à dire qu'à faire

Je crois que j'ai raté quelque chose. C'est comme ça que je me sens présentement. J'ai raté une opportunité. Je vais vous expliquer.

Depuis le mois de septembre, j'avais un colocataire dans ma chambre de résidence. Il s'appelait Jill. Jill est thaïlandais. Il ne parle pas anglais ni chinois. Ça rendait la communication parfois assez difficile. Au début, quand je suis arrivé, je me disais que ça serait un nouveau défi. Il faut réussir à se comprendre sans avoir de langue commune. Ça peut devenir une expérience intéressante.

Je vous jure que j'étais vraiment motivé. Je voulais faire des efforts, mais peut-être que j'ai pas voulu assez. Je sais pas. Avec le temps, on se rend compte que c'est pas toujours facile de partager une chambre de cinq mètres par cinq avec quelqu'un d'autre. Ça devient pas plus facile quand ton colocataire a une culture complètement différente de la tienne et ne peut pas communiquer avec toi, parce qu'en plus il va pas à ses cours de chinois.

Attention, par différence culturelle, j'entends pas religion. C'est plus des différences relatives à des pratiques que certaines cultures asiatiques ont, comme cracher après s'être raclé la gorge bruyamment. Des choses auxquelles on finit par s'adapter et à tolérer.

Il y en a qui vont se dire que c'est juste moi qui n'ai pas été assez tolérant, mais c'est pas tout. Il y a quand même eu toute sortes d'autres sources de frustrations liées aux difficultés de communication et aux différences de personnalité, mais c'est pas où je voulais en venir.

J'ai des amis qui s'entendent vraiment bien avec leur coloc, et je crois que chacun d'entre eux vit des moments où il souhaiterait le voir disparaître avoir un espace à lui seul. Pendant une grande partie de la dernière session, j'ai détesté secrètement mon Jill. Je croyais que je réussissais à bien gérer tout ça, parce qu'excepté la fois où il a commencé à fumer dans la chambre, je lui ai jamais dit tout ce qu'il faisait et qui me frustrait. Mais c'est quand il est retourné passer les vacances du Nouvel an chinois dans son pays, la semaine dernière, que je me suis rendu compte que j'aurais pu faire autrement.



La session prochaine, Jill change de chambre pour habiter avec un de ses amis thaïlandais, j'aurai donc un nouveau colocataire. La dernière fois où je l'ai vu, il m'a donné cette lettre entièrement écrite en Thaï. Vous vous doutez bien que je l'ai regardé d'un air traduisant mon incompréhension, mais il m'a simplement dit de demander a mon ami thaï (un ami d'une amie qui m'avait aidé à traduire la lettre dans laquelle je lui demandais de fumer à l'extérieur de la chambre) de la traduire pour moi. C'est comme ça que j'ai pu comprendre le message qui devait me laisser avec des remords: «Est-ce qu'on t'a déjà dit que tu étais un bon ami? Je suis content de t'avoir connu. Désolé si j'ai fait des erreurs quelconques».

Mon amie Janyka a étudié en travail social. Quand je lui expliquais que la situation entre mon coloc et moi me frustrait vraiment, elle me rassurait en me disant que c'était tout-à-fait normal et qu'on ne pouvait pas mettre toutes nos références culturelles et notre bagage de côté d'un seul coup. J'étais probablement content d'entendre ça. Par exemple, cette lettre, elle veut dire que pendant le temps où moi j'étais frustré contre lui, Jill croyait que j'était un bon ami. Je vois maintenant deux conclusions possibles à cette histoire. Soit j'ai raté l'occasion de découvrir des choses qu'il aurait sûrement pu m'apprendre, soit tout ça fait simplement partie de sa stratégie pour me faire croire que j'étais le mauvais colocataire.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire